Une visite importune [PV: Vladi]

Une ombre noire se faufila entre les petites rues. Il était sans dire que cette silhouette était celle d'une femme. Ou plutôt d'une jeune femme nommée Luna. Celle-ci avançait sans bruit dans les allées du quartier est. On pouvait sentir au son de sa respiration que Luna était anxieuse. Et pour cause ! Cela faisait maintenant plus de trois mois que son frère cadet Adam avait disparu. Elle avait promis à sa mère de le retrouver quoi qu'il arrive. Après plusieurs recherches infructueuses, Luna décida d'aller chercher du côté du manoir où il aurait dû se trouver. Elle avait quelques appréhensions sur cette immense bâtisse. Toutes les commères disaient qu'un homme y vivait et que le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'était pas accueillant. Luna tremblait à présent quand elle se trouva en face du dit manoir. Elle leva la tête et déglutit avec peine. Elle était comme hypnotisée par la bâtisse. Elle sacoua nerveusement la tête et franchit le portail. Arrivée devant la porte, elle l'enduit d'une sorte d'huile qu'elle avait faite et murmura des paroles incompréhensibles. La porte céda avec un petit cliquetis.

Luna n'était pas rassurée lorsqu'elle pénétra dans le hall. Le grand escalier en face d'elle lui faisait un peu peur. Malgré tout,elle se décida de continuer sa visite nocturne. Quand soudain, elle entendit une sorte de murmure d'enfant.

Je dois être fatiguée... Ma conscience me joue des tours, continuons... pensa-t-elle à voix basse comme pour se rassurer.

Elle regarda tout autour d'elle. C'était une énorme maison et elle n'en avait jamais vu de telles. Elle s'approcha d'une commode où plusieurs objets de grandes valeurs y étaient exposés. Elle était en admiration. Elle aurait souhaité être aussi riche mais la vie en avait décidé autrement. Elle se dirigea vers l'escalier. Elle monta les premières marches quand soudain un bruit venant de la gauche la fit sursauter. Elle remit son capuchon sur son visage et pourra ainsi mieux s'en aller en cas de danger. Elle demeura immobile en attendant de voir ce qui allait se produire.

C'était une nuit sans lune, aucune clarté ne venait éclairer la ville de Salte et à cette heure avancée, plus aucune lumière ne provenaient des différentes habitations de l'Aristocratie, seules quelques torches disséminées sur le mur d'enceinte du Quartier Est permettaient d'avoir un quelconque point de repère. L'agilité de la voleuse était remarquable et dissimulée dans l'ombre, elle parvint à se retrouver face à la sombre batisse, demeure de Vladimir Kergan. Ce dernier était d'ailleurs fort occupé depuis quelques temps et ne quittait pratiquement plus son bureau tourné vers le Temple d'Absens.

La vie de Noble n'était pas des plus reposantes quoi que l'on puisse en penser et elle l'était d'autant moins pour Vladimir qui souhaitait établir des contacts à travers les divers guildes de la région. Pour cela il lui faudrait avoir des agents dans les Quartiers moins aisé de la ville, susceptible de pouvoir entrer en contact avec ces diverses associations, Kergan ne souhaitait pas traiter avec eux directement et préférait rester hors d'atteinte. La mort du Duc avait donné lieu à des funérailles en grande pompes auquelles Vladimir s'était evidemment rendu, pour faire acte de présence bien plus que par sympathie pour la famille en deuil.

Les nuits de Kergan étaient relativement courtes elles-aussi et il n'est pas rare que l'on voit une Ombre marcher dans le grand salon du manoir, depuis l'intrusion d'un jeune garçon dans son manoir, l'Aristocrate est bien plus prudent et a fait renforcer la sécurité autour du Manoir et avait d'ailleurs signalé une intrusion en indiquant bien evidemment que le garçon s'était échappé sans que Vladimir ait pu voir son visage, les cendres de ce dernier s'étant envolées au gré du vent après une nuit de torture abjecte au nom d'une cause bien plus grande.

Assis dans son confortable fauteuil de velours noirs, Vladimir étant occupé à lire un livre dans une obscurité presque totale, une petite lampe mais non perceptible de l'extérieur lui permettait d'éclairer les lignes du gros volume qu'il était entrain de lire tout en marmonnant des paroles incompréhensibles. Soudain des bruits de pas en provenance du hall d'entrée lui fit lever les yeux, son regard bleu acier se durcit et prenant sa petite lumière, avant de se diriger vers le Hall, l'Aristocrate s'approcha d'une petite table et se saisit d'une petite coupe qu'il but d'une traite, toujours aussi bon malgré les quelques jours passés. Il pris une petite serviette et s'essuya le coin de la bouche.

Prenant la petite lampe qu'il avait abandonné sur sa table de lecture, il se dirigea d'un pas léger, presque tranquille vers le Hall d'entrée. Sans doute encore un voleur ou autre parasite vivants dans les murs de cette ville par la bonne volonté de ses dirigeants... Après quelques secondes, le jeune homme parvint au-dessus de l'escalier et son regard glacé se posa sur l'intru... Une jeune femme vêtu d'habits sales et repoussants, Kergan avait vu juste, ses yeux basculèrent vers la porte légèrement entre ouverte.... Cette petite avait osé crocheter la serrure de sa porte. Dans un grand fracas la grande porte du Hall d'entrée se referma d'un seul coup tandis que Vladimir descendait lentement les escaliers de sa demeure, sans quitter la voleuse des yeux. La voix qui sortit de la bouche du Noble était d'une froideur à couper le souffle alors qu'elle n'était pas plus haute qu'un murmure.

J'espère que le visite vous plaît... Fermez la porte derrière vous la prochaine fois, je n'apprécie guère les courants d'air. Je suppose que vous avez une très bonne raison de vous trouver chez moi à cette heure de la nuit, ou vous iriez au-devant de sérieux problèmes...

Luna leva doucement sa tête et vit une silhouette sombre: la silhouette d'un homme tenant une lampe, sûrement le propriétaire. Elle retenait son souffle tant elle était pétrifiait par la peur et de terreur. C'était la première fois que la personne à qui elle rendait visite se réveillait de son sommeil. Mais après tout, peut-être que l'homme ne dormait pas ? Cela expliquerait sûrement le fait qu'il l'est entendue. Pourtant, elle était certaine de n'avoir fait aucun bruit si ce n'est, le cliquetis de la porte. Néanmoins, elle se décida à répondre aux questions de son interlocuteur. Elle jouerait la carte de la pauvre petite femme sans défense.

"Excusez mon intrusion Messire. Je n'aurais pas dû. Excusez mon insolence. Je cherchais seulement un endroit pour m'abriter. Juste pour cette nuit. Maintenant, si vous le voulez bien, je m'en retourne chez moi. Je ne vous ais rien volé Messire, ne vous inquiéter pas."

Elle espérait de tout son coeur que ses paroles allaient pouvoir la laisser s'en aller. Malheureusement, rien n'en était moins sur. Elle pourrait toujours jouer un tour de charme mais l'Aristocrate en face d'elle ne semblait se laissait aller à ce genre de petits plaisirs. Elle essaya de garder son calme malgré qu'elle était quelques peu anxieuse.

Tu cherchais un abri pour cette nuit alors que tu as une habitation au-dehors... Ton habilité à mentir n'a d'égale que la saleté qui encrasse les haillons que tu portes, petite idiote... Tu penses pouvoir t'en aller comme si de rien était ? Ce serait beaucoup trop facile... Je pourrais te décapiter ici même... Qui regretterait une petite voleuse dans ton genre ?

Le sourire qui étirait les lèvres de Vladimir Kergan était effroyable de cruauté et de machiavélisme tandis qu'il portait la main à sa ceinture, le silence du Hall d'Entrée seulement perturbé par le bruit d'une lame que l'on sort de son fourreau. Kergan s'approcha de la voleuse et lui tourna autour, la détaillant attentivement du regard. Elle était bien plus grande que le petit voleur que l'Aristocrate avait surpris il y a de cela quelques mois, ils avaient même un air de ressemblance... Se pourrait-il qu'ils soient de la même famille... Une question qui n'avait au fond aucune importance, mais si c'était bien le cas, il était probable qu'elle soit à la recherche de son frère cadet. Qu'importe de toute façon, les miliciens n'ont que faire des voleurs qui disparaissent, cette gangrène pour la société se doit d'être éradiquée ou alors être asservie... Le jeune homme revint face à la voleuse et planta son regard bleu acier dans ses yeux brun de manière inquisitrice. Après encore quelques secondes de réflexions, Vladimir finit par ranger sa lame dans le fourreau accroché à sa ceinture.

Non... Je ne vais pas te tuer, petite. Je pense même que tu puisses m'être d'une quelconque utilité dans les jours voir les semaines qui vont suivrent. Si tu refuses de coopérer, je te ferai arrêter pour effraction et sois certaine que je m'assurerai personnellement que la dernière personne que tu vois de ta vie sois le bourreau entrain de lever sa hache au-dessus de ta tête. J'espère que tu as bien compris ce que je suis entrain de te dire. Maintenant suis moi et n'essaye pas de t'enfuir pendant que j'ai le dos tourner, je suis le Maître des Lieux dans tous les sens du terme.

Kergan indiqua à Luna de le suivre avant de tourner les talons, la lampe dans la main gauche pointée devant lui donnait aux lieux une atmosphère effrayante en partie à causes des ombres qui semblaient bouger sur les murs au gré du mouvement de la lampe. Après quelques secondes de marche dans les sombres couloirs du Manoir, ils arrivèrent dans le Bureau de Kergan dont le plafond se révélait être une coupole. La Clé de Voûte soutenant cette dernière était décorée des Armoiries de la Maison Kergan. Une chaise se trouvait face au bureau en cheine du Noble sur lequel ce dernier déposa la petite lampe avant d'aller s'asseoir derrière, croisant les mains sur sa poitrine. La petite flamme brillant à l'intérieur de la lampe se reflétant dans les yeux de Vladimir.

Assieds-toi... Met toi donc à l'aise petite, tu n'es plus une intrue, tu es à présent mon invitée après tout.

Il termina sa phrase en laissant échapper un rire à la fois amusé et sournois, dévoilant ses dents d'une blancheur éclatante et des canines légèrement plus pointues que la normale. Finalement cette nuit allait s'avérer très intéressante.

Tu cherchais un abri pour cette nuit alors que tu as une habitation au-dehors... Ton habilité à mentir n'a d'égale que la saleté qui encrasse les haillons que tu portes, petite idiote... Tu penses pouvoir t'en aller comme si de rien était ? Ce serait beaucoup trop facile... Je pourrais te décapiter ici même... Qui regretterait une petite voleuse dans ton genre ?

-Par pitié Messire. Je ne suis qu'une simple jeune femme. Ayez pitié Messire, ne me tuez pas... Ne me tuez pas...

Ses dernières paroles ne furent qu'un murmure inaudible. Des larmes apparurent aux coins de ses yeux qui avaient perdus toute leur malice. Elle regarda l'homme. Celui-ci lui souriait cruellement. Etait-ce là l'annonce d'un destin funeste ? Luna dégurgita sa salive avec peine lorsqu'elle vit le Noble lui tourner autour en l'examinant sous tous les angles. Que lui voulait-il ? Pourquoi la regardait-il avec autant d'attention ?Soudain, il la regarda dans les yeux, ce qui fit pâlir la jeune femme. Jamais personne ne l'avait regardé avec tant de dureté. Elle entendit le bruit d'une épée que l'on range dans son fourreau et émit un petit soupir de soulagement.

Non... Je ne vais pas te tuer, petite. Je pense même que tu puisses m'être d'une quelconque utilité dans les jours voir les semaines qui vont suivrent. Si tu refuses de coopérer, je te ferai arrêter pour effraction et sois certaine que je m'assurerai personnellement que la dernière personne que tu vois de ta vie sois le bourreau entrain de lever sa hache au-dessus de ta tête. J'espère que tu as bien compris ce que je suis entrain de te dire. Maintenant suis moi et n'essaye pas de t'enfuir pendant que j'ai le dos tourner, je suis le Maître des Lieux dans tous les sens du terme.

Ainsi donc, il lui laisserait la vie sauve ? Mais à quelles conditions ? Qu'allait-elle devoir faire en échange ?Elle se ressaisit et inspira profondément. Il n'allait pas la tuer, pourquoi avoir peur à présent ? Cependant, lorsque son interlocuteur lui montra le chemin à suivre, Luna fut effrayée. Cette atmosphère sinistre la faisait pâlir de frayeur. Et ces ombres dans les coins ? Non, ce n'était sûrement que ses yeux qui lui jouaient de mauvais tours. Cela lui arrivait souvent lorsqu'elle était fatiguée. Mais en tendant l'oreille elle entendit un murmure à peine audible.

Non, ce n'est que le vent au-dehors. Que le vent... se dit-elle en essayant de se rassurer.

Après une marche qui lui sembla interminable, Luna arriva dans ce qui devait être le bureau du Maître des lieux. Elle fit le tour de la pièce des yeux et les armoiries de la famille Kergan attirèrent son regard. Ainsi donc, ils étaient puissants... Ce n'était pas n'importe qui qui possédait des armoiries à leur nom. Mais alors, pourquoi une personne d'une telle importance aurait-elle besoin d'une gitane de son genre ?

Assieds-toi... Met toi donc à l'aise petite, tu n'es plus une intrue, tu es à présent mon invitée après tout.

Elle obéit à cet inconnu et s'assit juste en face de lui. Elle était quelques peu mal à l'aise et fuyait le plus possible son regard. Elle sursauta lorsqu'elle l'entendit rire et fit de grands yeux lorsqu'elle vit ses dents blanches. Mais ce qui la frappa le plus étaient les canines de l'homme. Elle le regarda en n'osant lui tenir tête et finit par baisser les yeux.