Votre avis sur un texte vite fait

Une silhouette dans le noir, fixait le village en aval. C'était un homme mais peut-être que ce n'en était pas un : les légendes sont floues sur ce point. On dit que c'était la Destinée qui observait les habitations, tramant dans l'ombre les futurs des hommes, accompagnée de son fidèle molosse, la Mort. D'autres disent que c'était un puissant magicien, qui avait vu la mort de rois et la destruction de royaumes, qui méditait sur le sort des hommes. Tous s'accordent à dire ceci : celui qui était en haut n'était pas n'importe quoi. Peut-être même que la Destinée n'était qu'un puissant alchimiste, faisant et défaisant les alliances de la vie. Mais je me perds.

La silhouette, livrée à elle-même, observait donc avec un certain recul les activités des Mortels. Elle vit leur vies, leur morts, leurs espoirs défiler sous ses yeux attentifs. D'un signe de main, elle signifia qu'elle en avait vu assez. Sans un mot, sans même un soupir, elle entreprit de descendre le promontoire sur lequel elle était juchée.

Une fois arrivée en bas, elle jeta un long regard sur les alentours, comme si c'était la première fois qu'elle voyait ce village, ces habitants, cette terre. Puis, elle se secoua, comme pour se reprendre. Peut-être que la Destinée avait l'impression de déjà-vu. Peut-être qu'elle ne savait pas qui elle était, et qu'elle ne faisait que s'accomplir soi-même. Un cycle infini, où le créateur se crée et façonne, puis brûle son art et recommence...

La silhouette ne s'arrêtait pas sur ces vaines réflexions vaguement métaphysique, et poursuivait son cours, car la Destinée est à la fois une créature et une action, à la fois consciente et inconsciente. Du fait de sa trame faite toute en contradictions, on ne pouvait l'arrêter. Son attention était fixée sur le village.

Elle, car si ce devait être un Mortel, ce serait après mure réflexion une femme, ou Il, peut-être parce qu'il préférait être un homme, ou plutôt Ça, car sa nature était claire aux yeux d'aucune personne sensée, pas même aux siens, leva les bras vers le ciel. Les nuages se gorgèrent d'humidité jusqu'à devenir noir, et grossirent jusqu'à ce que plus une étoile du firmament ne soit visible. Il se mit d'abord à pleuvoir, une pluie diluvienne qui trempait instantanément jusqu'à l'os, puis il se mit à neiger, car la Destinée, bien que vêtue de noir, aimait le blanc, puis, enfin, un éclair s'abattit sur l'une des maisons.

L'habitation fut rapidement en flammes, et Elle, Il, Ça, s'agita au loin, vague point sur l'horizon, attisant les flammes malgré la pluie, malgré la neige, malgré l'air humide. Des cris retentirent au loin. La Destinée se retourna, implacable, et allait poursuivre son cours quand quelque chose la retint.

Elle s'était, elle-même, pris la manche pour s'arrêter, même si on ne pouvait l'arrêter et que, même à l'arrêt, elle était toujours en cours, car l'on venait à sa rencontre.

« Bien fou est le Mortel qui vient me voir en courant. » gronda la Destinée, persuadée que cela arrêterait l'homme qui venait à sa rencontre. Que nenni. Il ne freina même pas.

Ce fut alors que la Destinée se demanda si elle était vraiment la Destinée : après tout, elle s'était arrêtée, alors que cette chose – tout aussi indistincte et indescriptible qu'elle – venait à sa rencontre, d'un pas vif et rapide, mais sans se hâter.

Oui, qui était-il ( ou elle ou les deux ) vraiment?

Bon je pense que tout le monde s'en doute mais c'est super mystérieux comme texte, moi j'aime bien parce qu'on sait pas se qui va nous tombez dessus dans les lignes qui suivent et c'est assez captivant comme ça . En tout cas j'ai hâte de voir la suite.