Blessé grave... [Margaux]

Il saigne, il perd du sang un peu partout...

Le Fou est parti à présent, laissant le bandit seul avec sa blessure quelques heures auparavant. La lame, avant de la frapper en pleine cuisse, avait été trempée dans l'eau sale des égouts. Autant dire qu'à présent, le bandit qui ne s'était pas lavé et qui avait sommairement pansé sa blessure en serrant ses braies plus fort à ce niveau là, était dans de beaux draps. Il savait qu'il devait trouver quelqu'un, n'importe qui, pour le soigner... Mais il titubait et titubait, cherchant en vain un guérisseur. Il ne voyait rien, il ne voyait personne, et le bandit, avec une bourse pleine de 80 Atris, zigzaguait dans le quartier portuaire comme un ivrogne.

Son but était, plus ou moins consciemment, de retrouver son auberge et de s'y affaler... Seul inconvénient : il se sentait mal et voyait relativement flou depuis quelques temps. Il bouillonnait de chaleur, et suait tant que les auréoles sous sa chemise dépassé le stade du simplement répugnant. Son auberge... Une auberge... N'importe qui... Des soins...

Peut-être que le Main Rouge, dans un acte de méchanceté pure, avait enduit sa lame de poison. Peut-être que c'était simplement la crasse (c'était l'eau des égouts tout de même) qui faisait cet effet. Silvanus n'en savait trop rien et s'écroula devant une échoppe, à moitié mort.

Au petit matin, une silhouette furtive se déplaçait dans les ruelles sombres du Quartier Portuaire, une allure plutôt féminine. Margaux essayait toujours de rester le moins longtemps possible dans les rues et se hâta de se rendre dans sa petite échoppe. Elle fit glisser la clé dans la serrure qui émit un petit grincement et la porte s'ouvrit. La jeune fille entra rapidement et referma la porte derrière elle. Elle resta dix bonnes minutes dans la pénombre, humant avec délice toutes ces odeurs envoûtantes.

<< Si ce n'est pas le paradis, ça y ressemble drôlement, murmura-t-elle >>

Elle se ressaisit et ouvrit les rideaux qui laissaient ainsi entrer la lumière du jour. Puis elle se dirigea vers ce qu'elle appelait son atelier. C'était dans l'arrière-boutique que toutes les plantes séchaient, que tous les onguents macéraient, c'était le lieu de vie de la boutique. Après avoir vérifié que les plantes étaient bien sèches, elle les rangea dans leurs bocaux respectifs: Sauge, Basilic, Romarin, Menthe, Camomille et Coquelicot étaient les plantes du jour. Elle jeta un oeil sur ses onguents et mit certains dans des bocaux et laissa les autres.

Depuis quelques jours, l'herboristerie était toujours remplie de pauvres badauds crasseux et Margaux débordait de travail. Mais cette journée était plutôt calme ce qui lui permit de faire plusieurs sirops et autres crèmes.

Soudain, elle entendit un bruit de fracas au-dehors et sa curiosité la poussa à sortir de l'arrière boutique. Effarée, elle vit un homme à terre juste devant sa boutique. Elle se précipita dehors et essaya de déplacer l'homme à l'intérieur de son herboristerie. Elle y arriva tant bien que mal, les mains poisseuses de sang. L'homme semblait inconscient. Margaux vit rapidement d'où venait le sang et arracha le pantalon de l'homme. Certes, ce n'était pas un acte que Margaux aurait commis en temps normal mais il s'agissait de la vie ou de la mort d'un homme. Après avoir enlevé le pantalon, elle tâta la blessure et sentit qu'elle était profonde. Elle entreprit d'abord un nettoyage de la plaie. Puis elle alla chercher une crème qu'elle appliqua sur celle-ci pour la désinfecter et faciliter la cicatrisation. Pendant ce temps, elle était allée chercher, au fin fond de ses tiroirs, son matériel de couture, elle ne pourrait laisser la plaie ouverte comme cela. Elle revint, passa à l'eau la plaie ôtant ainsi les restes de crème puis essaya de recoudre l'entaille. Margaux avait été douée en couture lorsqu'elle était plus jeune et espérait que ses mains ne la trahirent pas. Finalement, la plaie fut recousue sans soucis et Margaux mit un bandage tout autour de la plaie, la protégeant ainsi de toute nouvelle infection. Elle alla chercher des sels et les mit sous le nez de l'inconnu qui se réveilla presque immédiatement.

<< Monsieur, Monsieur, Vous m'entendez ? chuchota-t-elle >>

Citation :

J'espère ne pas avoir fait trop long ^^

Silvanus, à présent qu'il était plongé dans le noir, délirait. Derrière ses paupières lourdes et brulantes, il voyait d'immenses monstres qui traversaient les cieux, sifflant et hurlant. Une atmosphère pesante lui donnait l'impression de ne plus bouger et de n'être que souffrance. Il avançait dans un bourbier tout en ne faisant vraiment que reculer... Une voix, des gestes, le paroxysme de la douleur. Il s'agitait, se remuait, et de douces mains se posaient sur lui, l'intimant de se calmer.

"...dez ?"
"Huh..."

Il tentait de former des mots, de la prévenir... L'homme derrière elle, l'un des monstres... La vision vacilla, avant de disparaître... Rien. Personne. Il s'était fait des illusions. Il se releva, la bouche pâteuse, la vision trouble, cherchant son arme, agitant son moignon, puis se rendant compte qu'il n'avait plus de main. Il se laissa tomber en arrière pour retourner dans la douce ignorance dans laquelle il avait baigné avant son réveil. Qu'il avait été doux, pour quelques secondes, d'oublier cette absence qu'il portait en lui comme une blessure secrète... Depuis des années, maintenant, il lui manquait sa main. L'état l'avait coupé.

"Hummain. Maam 'ain. Maa main." fit-il enfin. "Où... Où j'suis?"

Il était encore groggy et sa vision, bien que plus nette, barbouillait le visage de celle qui l'avait sauvé.

Citation :

Au contraire

Margaux regarda l'inconnu se débattre. Il était en proie à des hallucinations, cela en était certain. Avec la douceur d'une mère à son enfant, la jeune femme caressa son visage en murmurant des paroles rassurantes ce qui eut pour effet de calmer quelque peu le jeune homme qui se releva. A voir sa mine déconfite et son pas titubant, il ne s'était pas remis de ses émotions. Margaux alla chercher une chaise et le fit asseoir non sans difficulté car l'homme la prenait pour un monstre.

<< Calmez-vous Monsieur, tout va bien. Je suis Margaux Thomazeau, l'herboriste. Vous avez perdu connaissance devant ma boutique. Je suis venu et je vous ai sauvé la vie,. Maintenant, tout va bien, ne vous inquiétez pas. Avalez ceci. >>

La jeune femme partit derrière le comptoir, mit de l'eau bouillante dans une tasse et prit un de ses bocaux sur lequel était écrit "Camomille", elle en prit plusieurs fleurs, les mit dans l'eau et laissa infuser dix bonnes minutes avant de retourner vers son "patient" et de lui tendre une tasse brûlante.

<< Buvez ceci, vous vous sentirez mieux. Mais faites attention, c'est très chaud. >>

Tandis que l'homme prenait la tasse, elle s'en alla dans l'arrière boutique et en ramena une bassine d'eau claire et fraîche. Elle en imbiba un morceau de chiffon propre et lui passa sur le visage avec douceur comme elle l'avait toujours fait avec ses malades.

<< Voilà, vous vous sentirez mieux ainsi. >>

Il entendait vaguement les paroles de la femme. Le mot "herboriste" le frappa particulièrement et il s'arrêta pour la dévisager. Son esprit était encore embrumé, mais il voyait bien que c'était une jeune fille. Elle lui tendit une tasse, qu'il prit machinalement de sa main valide. Il fut surpris par la chaleur du breuvage qu'elle contenait, mais en prit quelques gorgées. Il se racla la gorge, et regarda les alentours. C'était une pièce assez confortable et relativement bien éclairée, bien qu'elle ne fut pas très grande ni même luxueuse. Un endroit sympathique et chaleureux.

Silvanus grogna vaguement et inspecta sa jambe, pour découvrir qu'elle était entourée de bandages. Pourquoi devait-il se fourrer dans de pareils ennuis? La vie de la jeune fille semblait tellement plus simple et tout aussi amusante. Encore une fois ( car cela lui arrivait souvent ces derniers temps ), il se demanda à quoi une vie plus tranquille pourrait ressembler. Il deviendrait alors riche sans se fouler. Tout en buvant de temps en temps le remède parfumé, il laissa son esprit vagabonder... Il pourrait entrer dans la guilde des marchand, lancer son affaire, vivre une vie heureuse et prospère... Il était temps à présent. Cela faisait bien trop longtemps qu'il faisait le fou, et un vieil homme comme lui méritait bien du repos après toutes ces années. Marchand, donc... mais que vendre?

Il était dans une herboristerie, autant en profiter.

"Merci pour tout... Soyez assuré que je vous récompenserais de façon satisfaisante. Est-ce que vous vendez des baumes et autres? J'aimerais fort faire commerce avec vous."

Silvanus tenta de se lever, mais sa jambe ne supportait pas son poids. Il vacilla, et réussit à se repositionner comme auparavant.