[Validé] Michel-Ange ~ Un sourire pour frissonner

Prénom & Nom : Michel-Ange y Esdrago
Age : Vingt-six ans
Métier : Rentier (rentrées d'argent difficiles et hasardeuses car lointaines)
Statistiques :
- Robustesse : 0
- Ruse : 3
- Magie : 0
- PV : 10

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Histoire :
"Toutes les histoires commencent, forcément, quelque part. Il peut s'agir d'une contrée lointaine, il peut s'agir d'une région proche ; les histoires changent tout le temps, non pas parce qu'elles s'écrivent chaque nuit, jour après jour, et se poursuivent pour des années... Mais parce qu'à chaque oreille qui l'entend, l'histoire change.

Je viens des Cités-Libres, et pour être tout à fait honnête, vous n'avez pas besoin de savoir laquelle. Oh, certes, aujourd'hui ce n'est pas vraiment un obstacle à mon avancée dans ma quête du pouvoir. C'est davantage devenu une singularité qu'un réel handicap. Certains, ou plutôt certaines, y voient même du charme. Sachez que pour gagner en influence sur un homme, il suffit parfois d'en gagner sur sa femme. C'est pourquoi j'ai toujours soigné mon apparence...
Une chevelure soigneusement disciplinée, qui s'émèche jusqu'à mes épaules, envahissant mon front mais jamais mes yeux. Des yeux d'ailleurs qui enjôlent, câlinent ou rient ; des yeux qui ont goûté au vert de la trahison et qui n'ont plus jamais démordu de ce coloris pétillant et vif, à l'éclat presque surnaturel. On peut manipuler quelqu'un par le regard, car on s'adresse alors à son coeur plutôt qu'à son esprit. Embrassez avec les yeux, faites l'amour ; vous n'en persuaderez que mieux, avec une sincérité bien mieux feinte que ne sauraient le faire les propos d'une bouche, même habile. Cette bouche aux lèvres comme dessinées au pinceau, charnues, sur lesquelles se dessinent facilement les sourires... Le visage est un discours personnel, intime, et j'ai appris à m'adresser aux autres aussi profondément qu'il m'était donné de le faire. J'aurai pu travailler à corriger mon accent des Cités-Libres, mais je ne l'ai pas fait. Dans les premiers temps, on pouvait me voir ici d'un oeil pire que celui qu'on posait sur les bâtards... Désormais, ma singularité fait ma force. Elle me donne cette réputation d'étranger qui est parvenu malgré tout à persister dans un royaume qui ne voulait pas de lui ; pour les peu scrupuleux, il n'y a qu'un pas à faire pour que j'apparaisse comme un mercenaire. Originaire d'ailleurs, ma loyauté demeure floue, et c'est bien là ce que je veux.

Mais ce n'est pas ici, dans le Royaume, que commence mon histoire...

Je ne suis pas né noble. Dans les rues poussiéreuses qui m'ont vu naître, il n'y avait que le soleil accablant et la misère. J'ai parfois l'impression que les cours ne sont jamais que des venelles de coupe-jarrets qu'on a déguisées. Car lorsqu'on ne dispose pas du soutien d'une famille qui vous a jeté par manque de moyens, il devient vital de ne se reposer que sur soi-même ; de vivre avec violence, quelque soit la forme que prenne cette violence ; de savoir faire profil bas quand il le faut, d'ouvrir sa gueule exactement quand il le faut... Et dans certaines situations, une erreur de jugement peut valoir la mort, une mort sale et atroce.
J'ai grandi comme un gamin des rues, ce qui impliquait une existence peu reposante. Voler quand les risques étaient bas, mendier adroitement, gagner la confiance des autres pour qu'ils vous confient le travail d'une journée... Aucun jour n'était chômé, ainsi que peu de nuits.

Il faut savoir que le genre humain n'est pas nécessairement mauvais ou bon. Mais certains individus, si. A l'âge de onze ans, j'ai eu la chance, à moins que ce ne fut la volonté de Fatum, d'attirer l'oeil d'un aristocrate de petit acabit qui avait perdu ses quatre enfants successivement. La solitude peut modifier votre façon de voir le monde, et en moi il n'a pas vu le petit escroc, mais bien le petit garçon. Il vivait reclus, en marge d'une société dont il n'avait pas besoin grâce à ses rentes, laquelle le lui rendait bien ; dans son isolement austère, il jouait de la viole et s'exerçait à peindre auprès d'un maître, bien qu'il n'eût pas le coup de main nécessaire pour réaliser les grandes toiles que son oeil de poète lui laissait entrevoir. Il me fit passer pour son enfant, et personne ne s'interrogea jamais sur moi du fait qu'il ne voyait presque personne. Je devins Michel-Ange y Esdrago.

Il s'acharna à m'enseigner le doigté de l'imposant instrument qu'il maniait avec finesse ; les arias, les ornements et l'égrènement des notes qui ravissent l'oreille et le coeur de ces dames. Pour lui, c'était le charme d'un jeu qui pouvait imiter à peu près tout ce qu'une gorge humaine pouvait produire... Pour moi, c'était beaucoup moins innocemment un moyen de m'imposer aux autres, ne serait-ce que dans un domaine, qu'ils seraient forcés de respecter. La peinture n'a jamais pu m'être transmise comme un art, tout au plus comme quelque chose d'assez brouillon bien qu'il y eût dans mes essais de bonnes idées.

Je reçus une éducation de plus en plus complète avec le temps, comme si je devais assimiler tout ce que sa défunte progéniture aurait pu se voir transmise ; géographie, histoire, lettres, calcul... Et régulièrement, il prenait sa viole et m'ordonnait de me saisir de celle qu'il avait commandée pour moi, et nous jouions tous deux jusque tard dans la nuit, jusqu'à ce que les larmes aient fini de couler de ses yeux pervenche fatigués, que ses mains tremblassent trop pour qu'il puisse porter son verre de vin de paille à ses lèvres.

Tout à une fin. Lorsque Antonio Ignacio y Esdrago se fit cueillir par la mort, j'héritais officiellement de son domaine et de ses rentes. J'avais vingt-et-un ans. C'est à partir de ce moment, vraiment, que ce qu'il m'avait enseigné devint un outil personnel mis au service de ma soif de pouvoir. Une soif dévorante, jeune, vibrante.
Parmi les jeunes nobles, j'apparus comme une figure fanfaronne et bravache, mais dangereuse. Mon esprit acéré, vicieux, mon adresse relative à la rapière suite à des cours auprès d'un maître d'armes réputé et mon comportement passionné me gagnèrent nombre d'alliés et d'ennemis, une même personne pouvant cumuler ces deux rôles. La cité se mit à connaître mon nom ; les gens n'aimaient guère l'entendre. Débauche et violence dirigèrent ma toute nouvelle existence...
Mais il y a une limite à ce qu'on est capable de supporter. Parfois, la peur et l'admiration qu'on inspire à autrui peuvent être submergées par la haine.

A force de voler les amours et l'honneur de ceux qui avaient le même rang que le mien, j'attisais leur rancoeur, leur ire jalouse. Au point que ce ne fut plus plusieurs ennemis que j'avais, mais bien un seul ; un rang compact de nobles bafoués, brûlants, faisant cause commune face au coq de la basse-cour...
J'ai dû fuir la cité.

Et dans mes rêves de grandeur je me suis décidé pour partir vers cette côte riche, cette côte indépendante : cette côte Sud du Royaume.

A mon arrivée, j'ai cru que j'allais tout devoir recommencer. Je m'attendais à être reçu selon le statut qui était mien, alors que je n'étais rien. Je chutais de haut, face à l'indifférence, voire à l'hostilité. Mais j'avais pour habitude de rebondir, et les erreurs que j'avais commises dans ma ville natale ne seraient pas reproduite ici.
Je mis un certain temps à m'installer, reprenant l'habitude de travailler pour d'autres. Plus des coups de main que des métiers, réalisés dans l'ombre, sous la cape. Je mis un certain temps à envoyer un messager jusqu'à mon domaine, et de nouveau je me mis à profiter de mes rentes. Dès lors, tout fut plus facile, pour peu que je consentisse aux sacrifices nécessaires.

Je trouvais un petit coin, un bout de terre racheté. J'y fis construire une demeure confortable mais limitée par mes moyens ; investissant le reste de mes ressources, j'achetais les informations qui m'étaient nécessaires pour discerner précisément les différents cercles d'influence de la cité. Ne me restait plus qu'à m'y insérer, avec mon panache et mes envolées habituels.

La chose prit du temps, mais moins que ce que je m'imaginais. Je m'efforçais d'abord de gagner l'admiration artificielle des femmes, puis l'amitié jalouse des hommes. Je revêtis les rôles d'amuseur, de conseiller, de traître. Je jouais sur le diapason des émotions et des relations comme un musicien patenté, presque fou. Je me délectais du sillage d'étonnement et de surprise que j'étais capable de tracer dans certaines réunions.
Peu à peu, je me mis à grandir, passant d'illustre inconnu à étranger reconnu, apprécié, détesté, appréhendé et désiré, selon les uns et les autres.
Et puis, il y eu ce jeu fantastique, cette carte providentielle. Encore une fois, c'était Fatum qui me le décernait, cet Atout impromptu.

Le Duc est mort, vive le Duc. Et à moi les honneurs..."

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Magnifique!
Je te valide avec tes 10 points bonus et les 100 Atris qui viennent avec le rang de noble. Espérons que tu sauras manier la ruse avec autant d'adresse que ta plume ; si c'est le cas, tu es bien parti pour réussir

J'essaierai en tous cas ! Merci. ^^

J'ai hâte de te rencontrer...